Catherine Robert: Vivre avec une surdité

 

Je suis audioprothésiste depuis 2020, ayant moi-même une surdité, j’avais envie de vous raconter mon histoire.

Tout a commencé à la suite de complications à ma naissance. Étant un bébé prématuré et ayant eu recours à six transfusions sanguines, c’est seulement quelques années plus tard que l’on a découvert que cela s’accompagnait d’une surdité. N’ayant rencontré aucune difficulté liée au développement du langage, les difficultés d’écoute sont apparues à l’entrée scolaire.

Catherine Robert à l'âge à laquelle la surdité à été découverte

Plusieurs indices nous portaient à croire que j’entendais moins bien. Enfant, j’ai eu de la difficulté à apprendre à lire. Étant placée à l’arrière de la classe, je revenais à la maison en disant que je ne comprenais pas la matière. Tous les soirs, ma mère révisait avec moi ce qui avait été vu. Elle m’a donné plusieurs techniques et astuces pour apprendre à lire. Je montais également le volume de la télévision plus fort que le reste de ma famille. Par contre, c’est lors d’une rentrée scolaire qui se déroulait dans la cour de l’école que ma mère a constaté que je n’arrivais pas à bien comprendre mes camarades de classe.

J’ai donc eu un rendez-vous avec l’ORL qui a été suivi d’un rendez-vous avec l’audiologiste. Vers l’âge de 7 ans, j’ai donc appris que j’avais une surdité et que j’avais inconsciemment développé des stratégies adaptatives comme la lecture labiale.

Ma mère m’a alors accompagné à mon premier rendez-vous chez l’audioprothésiste pour choisir mes premiers appareils auditifs. Je choisissais toujours des embouts colorés suivant mes goûts du moment. L’audioprothésiste a alors ajusté mes appareils auditifs selon les résultats de mon audiogramme et j’étais prête pour une nouvelle aventure !

Le port des prothèses auditives et l’adaptation se sont faits naturellement et facilement. Je portais mes prothèses sans problème voyant l’aide que ceux-ci pouvaient me procurer. À l’école, je n’ai pas subi de jugement ou de remarques de mes collègues de classe. Lorsque mon entourage apprenait que j’avais des problèmes d’audition, je n’aimais pas quand ceux-ci parlaient plus fort et articulaient considérablement. Sinon, j’ai toujours vu le port de mes prothèses auditives comme quelque chose de positif qui m’aidait à être fonctionnelle.

Mon audioprothésiste a toujours su m’accompagner et me soutenir lors de mes renouvellements. Lorsque je change d’appareils auditifs, il y a toujours une période d’adaptation et parfois il faut refaire les embouts afin de trouver un moulage qui m’apporte plus de confort. C’est à force de porter les appareils que tout devient naturel. L’une des meilleures avancées technologiques que j’ai vues apparaître en portant des prothèses auditives est l’arrivée du Bluetooth. Le Bluetooth est un aspect qui aide énormément durant les appels. Je ne pourrais plus m’en passer.

Plusieurs défis sont toujours au rendez-vous malgré le port des appareils auditifs. Principalement lors de situations d’écoute plus complexes comme dans les environnements bruyants, lors des déplacements en voiture ou lorsque les gens chuchotent. Les appareils ne donnent pas des oreilles neuves, mais sans les appareils, j’aurais beaucoup plus de difficulté dans ces environnements sonores. Il faut être conscient qu’il y a des avantages dans chaque situation. La nuit, sans mes appareils, je n’entends pas les petits bruits qui habituellement peuvent perturber le sommeil.

En vieillissant, je désirais pratiquer un métier dans lequel je pouvais apporter de l’aide aux gens. J’ai toujours aimé le domaine de la santé et le contact avec le public, plus particulièrement la clientèle âgée. C’est donc tout naturellement que j’ai décidé de devenir audioprothésiste. Ce métier m’apporte de la gratification au quotidien et surtout, j’ai le plaisir de faire une différence dans la vie des gens.

Avec ma réalité qui est comme la vôtre, je suis bien placée pour vous comprendre. Au plaisir d’entendre votre histoire à vous !